C’est la première fois que Nithap, alias Vieux-Père, rend visite à son fils installé aux États-Unis. Il a accepté de quitter Bangwa, à l’ouest du Cameroun, cette ville où il a toujours vécu, où il est devenu infirmier, où il a connu la guerre, où il est tombé amoureux, où ses enfants sont nés. Mais le séjour se prolonge : Nithap est malade et son fils veut le garder auprès de lui. À quarante ans, celui-ci refuse que son père se laisse mourir. Il entend connaître enfin cet homme si secret auprès duquel il a grandi. Alors la voix de Nithap s’élève et remonte le temps pour raconter ce que son fils n’a pas vécu et dont personne ne parle ni ne veut se souvenir, cette guerre civile qui a déchiré le pays au temps de l’indépendance, ses soldats, ses martyrs. Le fils écoute le père, l’histoire de sa famille et la prière de cette terre devenue sanglante.
De New York au pays Bamiléké, les voix se mêlent, le temps n’existe plus, les époques se confondent. Patrick Nganang, dans ce grand roman, fouille les mémoires, raconte des vies bouleversées par la guerre ou l’exil, et un pays où le passé est une douleur, le présent un combat, où chacun cherche sa liberté.