« Ma mère (89 ans) ne perd pas la tête. Elle la laisse juste vagabonder de plus en plus ailleurs, dans des contrées étranges, souvent inquiétantes, menaçantes, mais parfois merveilleusement poétiques. Des pépites précieuses dans sa débâcle qui nous amusent et nous enchantent autant elle que moi».
C’est ainsi que Michel Mompontet a commencé à écrire le « voyage en amnésie », pour lui seul et pour ne rien perdre des derniers instants de Geneviève. De ses notes, il a fait un livre rare qui parle à chacun de nous. Peut-on retenir le temps et les souvenirs qui s’évaporent ? L’amour est-il un antidote aux pathologies de la mémoire ? Que reste-t-il quand notre cerveau « s’enfuit comme un ballon dans l’azur », quand « notre esprit est traversé de courants d’air » ?
Le récit de Michel Mompontet est chargé d’émotion mais il n’est pas triste. Il nous livre une magnifique histoire filiale et un inoubliable portrait de femme. Geneviève, solide gasconne qui n’a rien perdu de son sens de l’humour, se bat contre le mal qui la ronge avec d’étonnantes ressources, et une énergie souvent désopilante. Son fils, Michel, et ses alliés (gardes-malades dévoués, médecins pleins d’humanité, voisins compatissants mais aussi arbres du jardin, papillons, étoiles) s’ingénie à trouver des parades, invente de rocambolesques stratagèmes pour contrer son principal ennemi (le redoutable Alzheimer) ainsi qu’une cohorte d’autres adversaires (assureurs avides, tante vindicative, fantômes et non-dits familiaux). Ainsi alors qu’il croit être seulement revenu dans le village landais de son enfance pour sauver sa mère, c’est aussi avec son propre passé et ses zones d’ombres qu’il renouera.