Je crains que tout cela n'ait rien à voir avec moi décortique un chagrin d’amour, selon une méthode relevant de la fantaisie, de la poésie et de la science. Il se présente comme un traité académique, dont l’auteur serait à la fois le sujet et l’objet (dispositif qui révèle ses limites, ne nous le cachons pas). Alternant observations cliniques et textes lyriques, photos et correspondance, ce roman-collage est à la fois une enquête de police (les objets du quotidien sont présentés comme de pièces à conviction) et une fiction, drôle, folle, déchirante.
C’est aussi le témoignage d’une obsession, le récit d’un gouffre qui se dévoile. Doucement une réalité archaïque affleure, et l’auteur glisse, comme malgré elle, vers une autre blessure pour remonter doucement vers les racines du mal. Que nous transmettent nos parents ? Leurs chagrins s’impriment-ils dans nos cellules comme une mémoire fatale ? Sommes-nous voués à revivre, encore et encore, des émotions encodées dans une région fossile de notre cerveau ?
Un texte aussi gracieux que bouleversant qui inaugure peut-être un nouveau genre romanesque.