L'un des plus grands succès romanesques anglais de l'entre-deux guerres Le Chapeau vert est un inénarrable tableau de combat de l’Angleterre traditionnelle contre la nouvelle liberté de mœurs. L’auteur y décrit de façon impitoyable une société de jeunes gens qui habitent Mayfair, descendent au Normandy et au Ritz, partent en voiture de sport sur la côte d’Azur et se baignent nus dans la Tamise. Iris March, vingt-neuf ans, en qui l’on peut reconnaître Nancy Cunard, l’amie d’Aragon à l’époque, est le centre de cette société. Elle a eu deux maris: Boy Fenwick, qui s’est jeté du balcon d’une chambre d’hôtel, et Storm, assassiné par les terroristes du Sinn Fein. Plus excentrique on meurt! Le Chapeau vert devint instantanément un livre culte: Francis Scott Fitzgerald le relisait sans cesse, et ne cachait pas combien il lui devait pour la création de Gatsby, et Virginia Woolf s’en inspira quelque peu pour Les Vagues.
Michael Arlen (1895-1956), né Dikran Kouyoumdjian, à Rustschuk, en Bulgarie, fut envoyé, par son père, un riche arménien, à Malvern College, une élégante public school. En 1922, il acquiert la nationalité britannique. La publication du Chapeau vert va lui assurer une célébrité durable. Cet énorme succès de librairie, sans cesse réimprimé, acquit très vite le statut de manifeste d’une génération, celle qui n’avait échappé à la Première Guerre mondiale que pour connaître la grande crise des totalitarismes. Sous ses aspects cyniques, brillants et snobs, ce roman résume un temps où le bruit des fêtes et des cocktails parvenait de plus en plus mal à étouffer le grondements des orages à venir.