Elle ne dit rien, couve le mystère. Pourtant il suffirait d’un seul mot pour les précipiter tous deux dans un avenir immense. Mais alors il faudrait agir, prendre des décisions, engendrant une chaîne infinie de conséquences concrètes et d’effrayants engagements. Choir dans un monde convenu et sans ivresse : appartement compte en banque temps morts nettoyage ronflements. Et en même temps poindront les inégalités, les sentiments d’injustice, les reproches.
Il voue un culte à l’ombre, à la dissimulation qui accroît la puissance de l’amour. L’éclat d’un regard, le mouvement furtif d’un corps, le soupir d’une bouche, ne sont-ils pas plus intenses dans l’éternité de la nuit, échappant à l’ordre du monde ?
Des amants pris par un amour qui se veut hors du temps et des contraintes sociales se défient des mots qui engagent. Ils érigent le silence comme barrière protectrice. Mais, enfermés dans le langage des corps et du sexe, ils étouffent, s’affrontent, s’égarent pour finalement se détruire mutuellement.
Dire pour que s’ouvre un futur, une histoire, une singularité. Dire pour se faire reconnaître de l’autre, lui arracher des aveux et trouver l’apaisement. Le veulent-ils vraiment ?
Jouant avec les clichés de l’amour, le récit de Dominique Loreau oscille entre drame et légèreté dans un texte à la fois brut, distancié et très travaillé, qui flirte avec la poésie. Son écriture fragmentée, au plus près des émotions, ne livre que l’essentiel et plonge le lecteur au cœur des non-dits et de l’amour fusion.