" Elle est l'immigrée d'un pays nouveau, un endroit où l'amour aurait enfin sa chance. S'il n'y avait pas ses parents juifs, leur image comme l'ombre d'un nuage au-dessus de sa tête, elle s'adonnerait à la prostitution. Elle serait payée pour son plaisir et le plaisir des autres. C'est à ça qu'elle pense pendant qu'il l'aime. Elle est de cette veine-là, elle est de ceux qui cherchent la vie par sa jouissance. Pour croire, pour effacer le chagrin du départ, la tristesse en drapeau jamais en berne sur le visage de sa mère. Elle fut le désespoir du monde, elle sera une espérante toujours essoufflée de devoir courir après les plaisirs de la vie, les mots de l'amour. "
Avec Micheline, Sylvie Ohayon écrit le livre de sa mère. Pas une déclaration d'amour, pas davantage un réquisitoire, mais une superbe tentative de compréhension littéraire, un regard aussi cruel que tendre posé sur la femme à qui l'auteur doit la vie autant que sa souffrance.