Son royaume pour un cylindre, la valse des numéros, des couleurs, le monde est rouge, le monde est noir, le rythme des plaques et des jetons qui frottent, crissent, caressent la feutrine verte et dorée, adorée, puis qui vont mourir, les regards anxieux et prostrés, dans le brouhaha ambiant.
Flambeur est une plongée romanesque dans le monde du jeu. Flambeur, son implacable descente aux enfers, pas à pas, neurone après neurone, ses spéculations délirantes, sa tête viciée, son exclusion inexorable et sa terrible solitude.
Alors que chaque lancer de bille lui donne l'espoir, l'illusion d'une résurrection virginale et l'enfonce un peu plus vers le néant et la mort, à deux pas du casino, la station balnéaire, elle, brûle de tous ses feux, avec ses palaces, ses restaurants, ses campings, sa promenade illuminée, son port, ses bateaux, son passé glorieux et son présent en béton armé, ses badauds, ses starlettes et ses nymphettes, ses seniors, ses vacanciers costumés et heureux, ses nantis intouchables, ses saisonniers aventuriers des temps modernes et enfin, ses employés municipaux qui, dans leur superbe salopette fluo, feront aux aurores, pour un salaire de misère, place et plage propre.