Depuis qu'il a subi, sans réagir, une violente agression dans le bus qu'il conduisait, la vie de Matteo a basculé. Il boit trop et détruit, lentement mais sûrement, ce à quoi il tient le plus : l'amour de sa femme et de sa petite fille. Mais, ce matin-là, il reçoit une lettre qui le touche au cœur, lui que plus grand-chose ne touche : là-bas, en Italie, sa tante Flora est en train de mourir. Ici, de l'autre côté des Alpes, il n'est plus bon à rien, ni à personne. Alors Matteo décide d'aller voir une dernière fois zia Flora. Et reprend, seul, la route de son village natal, vers le seul souvenir tendre de son enfance – la meilleure part de lui-même. Au bout de ce voyage, la femme si discrète qui s'est sacrifiée pour qu'il ait une vie meilleure lui révélera son douloureux secret et ce sera comme une renaissance. Fred Paronuzzi aime donner la parole à ceux que l'on n'a pas l'habitude d'entendre, à ceux qui, à première vue, mènent une existence anodine. Son écriture sobre et précise déjoue avec délicatesse et authenticité les pièges du mélo pour frapper au plus juste des sentiments et donner toute leur force aux liens entre les personnages. Après des débuts remarqués, l'auteur du cocasse et tendre 10 ans ¾ confirme ses promesses avec ce roman très court, tendu, où derrière la pudeur des mots affleure une émotion brute, à l'image du personnage de Flora : "pas du genre à se répandre" mais terriblement attachant.