Une œuvre peut-elle ensorceler des êtres et les pousser à vivre les passions qu'elle exprime ?
Depuis toujours Jean Carrière rêvait de donner à sa passion pour la musique la liberté de s'épanouir dans un livre. C'est ainsi que, dans ce roman, la musique de son verbe répond à la magie de l'œuvre de Debussy, Pelléas et Mélisande. Trois personnages en quête d'amour, une femme et deux hommes, vont voir leur vie bouleversée par leur rencontre avec cet opéra, qui les vampirise et peu à peu les entraîne vers un destin tragique... " La fosse d'orchestre commençait à se remplir de musiciens. Quand ils accordèrent leurs instruments, je me sentis emporté par toutes ces sonorités qui me soulevèrent le cœur de tendresse. Enfin le chef d'orchestre apparut sur l'estrade de son pupitre et, se courbant pour saluer les auditeurs, il souleva une tempête d'applaudissements et de cris : il devait avoir un public qui se serait fait tuer pour lui. Quelques minutes plus tard, il leva sa baguette dans un silence religieux : on eût dit que nous allions assister à la messe. Quelle messe ! Ce ne fut pas une musique ordinaire qui emplit l'opéra, mais une rumeur à la fois légère et profonde, une rumeur qui m'empoigna le cœur, et que je reconnus tout de suite : Pelléas et Mélisande, le chef d'œuvre de Debussy. "