Tout part du chant. Dans les barrios gitans d’Andalousie, le flamenco se transmet comme une seconde nature. Quand on ne chante pas, on se raconte entre gens entendus les grands créateurs d’autrefois, leurs styles, leurs mille et une histoires. Vivent ceux qui savent. Lorsque surgit la grâce, on la reconnaît aussitôt. Un soir aura suffi à Manuel El Negro pour entrer dans la légende. L’écho de sa voix retournait l’âme. Moi, je l’accompagnais. J’étais son guitariste, dans l’ombre toujours. Notre amitié, tissée autour du chant, c’était un rêve partagé. Mais les Gitans le savent : l’art ne se commande pas. Y consacrer sa vie, c’est prendre tous les risques. Mémoire d’un peuple, le flamenco est plus qu’une musique : un art de vivre, une vision enchantée du monde, nourrie des milliers de vers anonymes hérités de la tradition. Confrontant ses personnages romanesques à des figures bien réelles de ce mundillo dans lequel il s’est longuement immergé, David Fauquemberg réinvente cette « langue flamenca », sa poésie, ses révoltes, l’intense émotion qui l’anime. David Fauquemberg est l’auteur de Nullarbor (Hoëbeke, 2007, prix Nicolas-Bouvier) et de Mal tiempo (Fayard, 2009, prix Millepages).