«Un petit sentier mousseux m’a conduit derrière deux gros rochers. Là, j’ai stoppé net. Une fi lle était allongée à l’abri, nue, couleur caramel, avec de grosses lunettes de soleil sur le nez. Si je ne m’étais pas excusé, elle ne m’aurait pas vu. Elle n’a même pas cherché à se cacher, elle a souri et s’est redressée doucement.
– Vous parlez toujours avec un accent ?
Sa voix tintait comme du cristal. À vue de nez, elle avait dans les vingt-cinq ans. Quand j’ai dit que j’étais français, elle a pris un air narquois. Puis elle a relevé ses lunettes pour les caler dans sa blondeur. Ses yeux verts roulaient comme des émeraudes, son nez retroussé faisait penser à celui d’Elizabeth Montgomery dans Ma sorcière bien-aimée. Elle avait les seins lourds, une posture étudiée, le pubis emperlé de gouttes d’eau.
– Vous vous êtes baignée?
– Oui, mais en maillot.»
François Cérésa rejoue L’été 42. Entre le Pays de Galles et l’île de Man, un adolescent découvre une façon bien anglaise de s’encanailler, et universelle de s’émouvoir…
Romancier et journaliste, François Cérésa a publié de nombreux romans dont Les moustaches de Staline (Fayard, 2008). Il dirige le mensuel Service littéraire.