Quarante ans après, deux survivants du ghetto de Varsovie reviennent dans la ville où leur existence a basculé. Les souvenirs se réveillent, et avec eux les aveux, les secrets. Par l'auteur de
Dernier refuge avant la nuit, lauréate du prix du Premier Roman étranger, une œuvre hypnotique où l'amour et la sensualité éclairent un impossible et poignant retour en arrière.
Drapée dans un épais manteau, une toque de fourrure enfoncée sur la tête, elle regardait défiler les champs d'un blanc immaculé. Tiens, dit-elle en levant un doigt ganté, il y a un oiseau qui a oublié de partir vers le sud.
Assis en face d'elle dans le compartiment clos, il fumait son tabac noir, une grosse écharpe autour du cou. Ses cheveux blancs ondulés encadraient son visage tels ceux d'un prophète. Comme les Juifs, remarqua-t-il, qui ne sont pas partis tant qu'ils le pouvaient. Il retira un brin de tabac collé sur sa langue. Après, c'était trop tard. Ils auraient dû écouter les oiseaux. Crois-tu qu'on a fait mieux ? demanda-t-elle. On a fait ce qu'on a pu, lui répondit-il.