La révélation d'un jeune auteur dont la prose élégante rappelle celle de Vladimir Nabokov
Entre rire et humour noir, entre autobiographie et fiction, puissamment construites, les huit histoires que nous raconte Aleksandar Hemon portent sur deux thèmes : à Sarajevo, la guerre ; à Chicago, les situations tragicomiques auxquelles est confronté un immigrant bosniaque fraîchement débarqué aux États-Unis. Élaborés en entonnoir, les récits commencent à Sarajevo au début du XXe siècle : l'archiduc François-Ferdinand, peu avant d'être assassiné, croise le regard d'un accordéoniste souriant au milieu de la foule. Cet accordéoniste, affirmera plus tard la légende familiale, est l'arrière-grand-père d'Hemon. Ils se poursuivent sous la Yougoslavie de Tito, dans une nouvelle à deux tonalités : Aleksandar Hemon enfant soupçonne son père d'être un espion soviétique, parce que celui-ci est obligé de voyager pour son travail et rapporte à la maison d'étranges objets (des poupées russes, par exemple). Parallèlement, l'écrivain retrace la vie de Sorge, l'espion allemand qui informa Staline (en vain) de l'imminence d'une attaque nazie...Peu à peu, ce patchwork narratif déploie le dessin qui le forme : l'histoire de la Yougoslavie au XXe siècle, intimement liée à celle des différentes communautés qui la composent et des hommes qui y vivent. Privilégiant la satire, Hemon développe ces thèmes avec une vivacité, une fraîcheur et une originalité qui en font l'un des écrivains les plus doués de sa génération, comparé à Nabokov, mais aussi à Kundera et à Kafka.