William Frederick Kohler, le narrateur du Tunnel, est un historien reconnu qui vient d'achever la rédaction d'un énorme ouvrage intitulé Culpabilité et innocence dans l'Allemagne de Hitler. Mais, au moment d'en rédiger l'introduction, Kohler se met à écrire un tout autre texte, une tout autre histoire – la sienne.
Délaissant l'objectivité de son projet initial, Kohler raconte tour à tour son enfance malheureuse (un père sectaire et arthritique, une mère alcoolique), sa liaison avec Lou, sa passion pour la chanteuse Susu, ses vicissitudes d'enseignant, ses collègues... et le cauchemar conjugal qu'il vit avec son épouse Martha.
Craignant que cette dernière découvre ces pages intimes, Kohler les dissimule entre celles de son ouvrage historique. Dans le même temps, il entreprend la construction d'un tunnel dans le sous-sol de sa maison. Creuser et écrire se répondent alors, comme si Kohler pratiquait un trou dans le langage même, afin de lui arracher ses pires secrets.
À la fois méditation sur l'histoire et ceux qui l'écrivent, pastorale américaine et cauchemar non climatisé, Le Tunnel est une prodigieuse et terrifiante plongée dans la noirceur de l'humain, une tentative pour exposer au plein jour cette part maudite que Gass appelle " le fascisme du cœur ".