« […] la température était tombée en dessous de moins quarante degrés. La neige se fit bleue et la limite entre terre et ciel s’estompa. Le soleil, dépouillé de sa splendeur et privé de son éclat, végétait désormais dans une misère prolétarienne. Le froid vif buvait toute sa chaude et vivifiante liqueur – désormais seuls le feu de bois, l’amour et trois cents grammes quotidiens d’un pain mêlé de cellulose et d’arêtes de poisson devaient nous défendre contre la mort. » Au cœur du système répressif soviétique des années 1940, dans l’antichambre du goulag, quelque part en Sibérie, un petit garçon de huit ans tente de conserver cette joie de vivre propre à l’enfance. Malgré les morts, les disparitions, les emprisonnements, le jeune Petia, condamné à devenir adulte avant d’avoir dix ans, va survivre grâce à la foi, mais surtout grâce à la poésie. Un récit autobiographique bouleversant.