Dans un contexte où les médias se font l'écho de revendications et de violences en Corse, l'image de cette île devient trouble. On s'interroge. Qui sont les Corses ? Que veulent-ils ? Déjà, en 1795, sir Gilbert Elliot, vice-roi de Corse, avait écrit: "Je crois que ce peuple est une énigme dont personne ne peut être sûr de connaître la clef.'
Des livres d'historiens, de sociologues, de politiques, de mémorialistes apportent des réponses. Mais une approche plus intime, profonde et terrienne, à travers les villages et le maquis corse ne permet-elle pas de mieux comprendre la mystérieuse âme insulaire ?
André Giovanni, avec la magie d'un style simple et poétique, nous livre dans Les chemins de l'âme corse ses dialogues avec Sauveur, le muletier de son village. Ce personnage, habitué à cheminer seul avec ses bêtes par les chemins rocailleux de l'île, nous révèle, avec humour, sa sagesse de vieil homme. C'est une sorte de Sancho Pança corse qui réagit face à la modernité qui envahit son île, bouscule les traditions, change les repères. Avec lui, on perçoit mieux les contrastes de l'âme corse, creuset où se fondent, non sans soubresauts, rites et appels à l'ouverture, christianisme et paganisme. Des récits font intervenir d'autres personnages typiques : Tiburce, Dorothée, Jean Mathieu, etc.
Sans passéisme, Les chemins de l'âme corse, Sauveur m'a dit... permet d'entrevoir dans quel sens cette île fascinante, sanctuaire naturel encore préservé, peut "jouer le rôle d'une médiatrice pour lier l'ancien temps et le nouveau et ramasser tout ce qu'il faut de nostalgie pour porter plus loin un message d'espérance.'