À toi qui lis, toi, qui vois, toi, qui sais : dynamite ! Sur les mots, sur le temps : dynamite ! Qui ne pourrait entendre le bruit que fait le soulèvement des corps, des consciences, le bruit de la révolte, de l'indignation ? Où vont-ils errer, que vont-ils brûler, que vont-ils amplifier, détruire, alimenter, quelle sera la couleur du feu de l'explosion du monde des mots ternes et polissés ? Ces lettres, ces mots auraient pu être hurlés, pleurés, arrachés à la langue et à la gorge, vomis et chantés. Ils n'ont pas prétention à être quoique ce soit d'autre que des voix en mal de cri. Ils coulent, ils explosent. Dynamités par le vide, la souffrance, ils tombent, ils dégringolent : ce sont des voix désarticulées, extraites du vide, des voix qui hésitent et qui crient, un long souffle qui dégringole. Après une classe préparatoire littéraire à Henri IV, Lolita Michel poursuit ses études en Master de Philosophie. Aujourd'hui elle donne des cours de français à des personnes étrangères. Sa poésie est empreinte d'expériences limites vécues lors d'un séjour en hôpital psychiatrique, mais aussi lors d'un passage à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. Face à ce monde comme réserve de ce qui l'emprisonne, dans des rôles, des identités, des positions qui l'étouffent, son ouvrage Les lettres de feu viennent éclater toute essentialisation pour laisser vivre les souffles de la liberté.