Philosophie et Révélation : " où l'autre habite-t-il ? " La situation de la pensée où nous sommes parvenus connaît la crise de l'identité, l'épreuve de la différence. Entre l'affirmation totale du " Je ", la recherche nostalgique de la " patrie ", l'attachement à la " demeure ", l'éblouissement de l'" autrui " extérieur et la réponse théologique du " Tout Autre ", Bruno Forte demande comment la relation entre la philosophie et la Révélation peut instruire à nouveaux frais le débat. Cinq nœuds organisent le traitement du problème : le nœud herméneutique, qui atteint la question du langage et de son rapport à l'esprit ; le nœud proprement " théo-logique ", qui relie l'avènement de l'être-autre et sa perception " chiffrée " ; le nœud anthropologique, qui obéit à la catégorie de l'exode mais veut honorer les exigences du destinataire de la Révélation ; le nœud métaphysique, qui convoque l'ontologie de l'histoire à assumer l'autre comme donation ; le nœud eschatologique, enfin, où l'altérité se dévoile comme imminence du futur absolu. Suivant une ligne précise de confrontation où interviennent tour à tour Hegel et Schelling, Barth et Jaspers, Bultmann et Rahner, Mounier, Dostoïevski et de Lubac, Heidegger et Lévinas, Nietzsche et Bonhoeffer, Bruno Forte défend l'hypothèse selon laquelle la Révélation, loin de constituer une question intime et privée, destinée aux régions extraphilosophiques, se présente de façon inéluctable à la pensée spéculative et lui offre de quoi renouveler la thématisation de l'altérité.