" L'œuvre de Michel Henry, avec son génie propre, marque, comme celle de Lévinas, comme celle de Derrida, un "tournant français" de la phénoménologie, c'est-à-dire notamment une signification singulière, une façon de ne pas consentir à la Grèce, à toute une tradition, sacralisante et inféodée à la thèse du monde, en quoi s'accuse peut-être le drame de la modernité. Son extraordinaire capacité d'affirmation permet de revisiter les grands thèmes et les grands textes de l'occidentalité et de porter ainsi un diagnostic renouvelé sur notre temps. Le colloque de Cerisy qui lui fut consacré, en 1996, représente la première tentative de cet ordre menée en France pour faire reconnaître une pensée dont la rumeur laissait pressentir l'importance et qui, élaborée depuis 1945 dans la patience, la lenteur et la solitude, conquiert aujourd'hui la place qui lui revient. Même si – c'était inévitable – une part de ce qui fut l'événement vivant de 1996 a été perdue (dont les échanges avec Rémi Brague, Jean-Luc Marion, Didier Franck, Étienne Balibar !), les conférences portent ici, dans leur version écrite, ou parfois réécrite, l'empreinte de l'intensité de Cerisy. Tel qu'il est, le recueil s'efforce de restituer une atmosphère, de rendre imaginable la présence d'un penseur dont l'attention infatigable et la grande générosité intellectuelle attestèrent à Cerisy de sa pensée, attestèrent qu'il était le penseur de la vie. Ce volume contient en outre deux textes inédits du philosophe, une bibliographie très complète et une présentation autobiographique. " (Alain David)