L'ouverture de Lévinas à la transcendance, à l'extériorité, à la Bible enchante souvent ceux qui, tout en adhérant au " Dieu crucifié ", se savent " spirituellement sémites ". Cependant, si le mot " Dieu " apparaît fréquemment dans ses textes, l'auteur de " Totalité et infini " a toujours manifesté son souci d'écrire en philosophe. Qu'en est-il, alors, du rapport entre le " confessionnel " et le " philosophique " dans cette pensée ? Dans quelle mesure l'appropriation de l'œuvre de Lévinas peut-elle féconder la foi chrétienne sans, toutefois, se transformer en une lecture récupératrice ? Il convient d'interroger les rapprochements parfois hâtifs entre la pensée du philosophe juif et la théologie chrétienne. Afin de progresser dans son enquête, ce livre propose, par exemple, de reprendre la question de la " connaissance " de l'autre ou de Dieu en distinguant davantage l'" altérité " et la " différence ". Au terme de ce parcours, une question surgit : est-ce qu'une trop grande imprégnation du langage lévinasien dans le champ de la théologie chrétienne ne risque pas, in fine, de réduire la foi à une éthique ? Comment relier, tout en les distinguant, l'agir et le croire ? Grâce à son dialogue entre philosophie et théologie, l'auteur invite son lecteur à pratiquer " l'hospitalité des intelligences ".