Quelles sont nos responsabilités face à l’injustice ? Les philosophes considèrent généralement que les citoyens d’un État globalement juste doivent obéir à la loi, même lorsqu’elle est injuste, quitte à employer exceptionnellement la désobéissance civile pour protester. Les militants quant à eux, qu’ils luttent pour les droits civiques, contre les violences faites aux femmes ou pour le climat, jugent souvent que l’obligation première est résister à l’injustice.
En revisitant le concept d’obligation politique, Candice Delmas montre que le devoir de résister a les mêmes fondements que le devoir d’obéir à la loi. Des formes de désobéissance incivile, de l’aide clandestine aux migrants aux fuites de documents non autorisés, en passant par l’écosabotage ou les cyberattaques, peuvent parfois être justifiées voire moralement requises, même dans des sociétés démocratiques.
C'est par ces moyens illicites et inciviles que les Freedom Riders ont dénoncé la ségrégation aux Etats-Unis, que #BlackLivesMatter a révélé les violences policières ou #MeToo l'ampleur des phénomènes de harcèlement et de féminicides. L’incivilité interpelle, accuse, rend l’indifférence impossible et force à prendre parti.
Alors, qu'est-il légitime de faire pour défendre une cause juste dans un État de droit qui en ignore les enjeux?