Dans le champ où, enfant, il plantait des pommes de terre avec son père, homme peu bavard, Michel Onfray lui demanda où il se rendrait si, d’aventure, il devait élire une destination idéale ; il s’entendit répondre : « Au pôle Nord. » Trente-cinq ans plus tard, le fils devenu philosophe réalise le rêve de son père et part avec lui au-delà du cercle polaire, pour fêter ses quatre-vingts ans...
Ce livre, qui propose un voyage philosophique sous les auspices d’un genre d’ethnologie hédoniste, raconte le goût du phoque cru et de la baleine pourrie ; les frissons devant l’ours blanc et l’émotion face aux icebergs ; il dit aussi les silences d’un vieil homme qui, sans les mots, communique avec un chaman inuit dont les larmes sidèrent ceux qui l’entendent raconter la destruction de sa civilisation ; il évoque également le souffle des baleines entraperçues et la minéralité, puis le froid, qui inspire une conception du monde toujours vivace, malgré le colonialisme nord-américain. Il permet enfin une méditation sur les formes du temps, et rapporte ce que le fils peut dire au père, au-delà des mots, voire apprendre de lui sans le verbe, sinon dans la défiance même des mots...