La méthode proposée ici pour lire le Protagoras part d'une idée simple. Celle que le Socrate de Platon met en pratique et qui entre dans la définition de l'éros philosophique : voir l'aporie comme une ressource. Suivant cette idée, Platon pose des questions à son lecteur face à des apories ; ce qui revient à tenir de telles questions pour de premiers pas vers une issue. Il s'ensuit que le questionnement doit progresser là où des indices sont déposés à cet effet. L'expliquent les contraintes propres à un enseignement de la philosophie et les critiques que cela fait porter sur l'écrit. Platon invente la philosophie comme une discipline intellectuelle vouée à l'examen des problèmes ; il invente à cet effet le dialogue, une écriture destinée à imposer la lecture comme exercice philosophique : le dialogue ne dispense pas d'enseignement sans d'abord donner une épreuve. Au lecteur de s'instruire de son travail sur le texte. Cette méthode part donc du souci de refaire le compte des multiples apories qu'un écrit de Platon peut présenter, et elle veut les traverser intégralement.