Traduction d'un ouvrage publié en Italie en 1993, dû à Luigi Firpo, un des meilleurs experts italiens de l’histoire intellectuelle des XVI-XVIIe siècles, voici l'édition à peu près définitive des pièces du procès d’inquisition de Giordano Bruno.
On connaît les principaux épisodes de la carrière de Bruno: sortie de l’ordre dominicain (1575) fuite à Genève passage à Toulouse et Paris, où il jouit d’une certaine paix séjour en Angleterre chez l’ambassadeur de France (Michel de La Mauvissière, son principal mécène) retour en France, affrontement avec les milieux aristotéliciens de Paris départ précipité pour l’Allemagne, où il erre de ville en ville (Francfort, Wittenberg), en Bohème (Prague) retour en Allemagne (Francfort) et, enfin, le retour au pays natal, Venise et Padoue, en août 1591, après une quinzaine d’années de pérégrination au cours desquelles il a publié une vingtaine d’ouvrages latins et sept en italien, approché le roi de France, l’Empereur Rodolphe II et la Reine Elizabeth.
Pour son malheur, il a été invité à Venise par un certain Mocenigo, rejeton d’une grande famille vénitienne, à la recherche de "connaissances secrètes" qui pourraient l’aider à faire bonne figure dans la société. Celui-ci prend rapidement peur devant la liberté de pensée religieuse de Bruno, qui n’hésite pas à critiquer clairement les dogmes fondamentaux du christianisme (filiation divine, virginité de Marie, création du monde, culte des saints etc.). Craignant que Bruno ne le quitte sans lui avoir révélé ses secrets, Mocenigo le dénonce à l’inquisition le 23 mai 1592. Commence alors un procès, qui s’achèvera par la mort de Bruno sur le bžcher, à Rome, le 17 février 1600.
Dans une considérable préface (150 pages), où le procès est reconstitué méthodiquement et son développement expliqué, Firpo fait justice de nombreux mythes (torture de Bruno, entretiens avec Campanella en prison, rôle néfaste de Bellarmin etc.). Viennent ensuite tous les textes permettant de reconstituer ce procès (édition critique et traduction française) et d’un petit nombre de notes (en particulier sur les nombreux personnages qui interviennent dans l’affaire)
Parmi les documents les plus importants, citons les trois dénonciations successives de Mocenigo le texte même des six interrogatoires de Venise (les “constituts”) les interrogatoires des témoins vénitiens (éditeurs, académiciens) les documents de l’extradition de Bruno le très important “Sommario” de mars 1598 (résumé de l’état d’avancement du procès) les décrets de condamnation (incomplet) le récit de la mort de Bruno par Schoppe, qui y a assisté, etc.