Les Lettres de Platon ont fait couler beaucoup d’encre : étaient-elles réelles ou fictionnelles ? Ecrites par le philosophe ou inauthentiques ? Erudits et critiques de Ficin à Campbell s’interrogent. Il est vrai que le développement du genre épistolaire à la période tardive aurait tendance à brouiller les pistes : un des artifices courant des sophistes était la lettre fictive qui permettait de faire passer des idées neuves et souvent politiques, en les couvrant de l’autorité d’un grand nom, tandis que circulait un grand nombre de missives apocryphes de tyrans ou de philosophes, ou encore de fausses lettres d’amour pour les amants dont l’imagination n’était pas à la hauteur de la passion. C’est ainsi que des treize lettres transmises par le Corpus platonicum, seules la septième et la huitième seraient de la main de Platon. Bien que d’intérêt et de formes variés, ces Lettres nous donnent à la fois un aperçu du genre épistolaire et un panorama des plus pittoresques de la vie politique du IV °siècle.
Les
Lettres occupent la première partie du tome XIII de notre édition des œuvres complètes de Platon. La notice générale propose un exposé très complet de l’histoire, mouvementée, de ces textes tantôt oubliés, redécouverts, encensés ou critiqués, et fait le point des dernières hypothèses. Une présentation du genre épistolaire dans l’Antiquité permet de resituer le texte dans un contexte littéraire encore trop peu connu. La
Lettre VII, un des textes les plus fameux du philosophe, fait l’objet d’une étude riche et approfondie, tandis que des notices thématiques fournissent les informations nécessaires à la bonne intelligence des autres
Lettres. Des notes accompagnent la lecture.