Les Voyages immobiles dans la prose ancienne (la peinture narrative sous la dynastie Ming, 1368-1644), préfacés par Michèle Pirazzoli-t’Serstevens, proposent un parcours visuel novateur prenant en compte la tradition picturale et stylistique (le bleu-vert), ainsi que ses sources littéraires ; mieux, il place le lecteur dans la situation même des amateurs d’art et collectionneurs, auxquels s’adressaient originellement ces œuvres.
Les œuvres picturales du XVIe siècle ici décrites, analysées et comparées, peintures profanes sur rouleaux horizontaux, ont été produites dans un contexte littéraire très favorable et intéressent particulièrement l’École de Wu (Suzhou et la région), autour de la personnalité du peintre Wen Zhengming (1470-1559).
Le corpus de ces peintures narratives et lettrées, qui permet d’établir un lien entre la Littérature (art noble) et l’emploi de la couleur associé à la peinture artisanale depuis la période des Song, est fondé sur sept grands textes en « prose » (guwen), monuments de la littérature classique chinoise et pour certains traduits pour la première fois : l’Ode à la nymphe de la rivière Luo de Cao Zhi, la Seconde ode à la Falaise rouge de Su Shi, le Récit de la Source aux fleurs de pêcher de Tao Yuanming, le Chant du retour de Tao Yuanming, l’Ode au Parc impérial de Sima Xiangru, En méditation dans la montagne les jours s’allongent de Luo Dajing, et le Récit du Kiosque du Vieillard ivre de Ouyang Xiu.