Yaïr Mozes, célèbre réalisateur israélien au crépuscule de sa vie, est convié à une rétrospective en son honneur à Saint-Jacques-de-Compostelle. Trois jours durant, en compagnie de Ruth, l’actrice aujourd’hui malade qui fut jadis sa muse et la cause de sa rupture avec son scénariste de toujours, le génial et ténébreux Saül Trigano, il revoit ses œuvres de jeunesse. L’épreuve est troublante pour le vieil homme qui croyait, jusqu’alors, avoir fait le deuil paisible de ses émotions. À mesure que les souvenirs affluent, au rythme des images qui se succèdent à l’écran, Mozes est forcé de reconsidérer toutes ses certitudes : sur sa propre existence, son art, son amitié pour Trigano, son amour inavoué pour Ruth… Au cœur de ce voyage dans le passé, un énigmatique tableau, accroché au-dessus du lit que Mozes et Ruth partageront chastement lors de ce séjour en Espagne : une Charité romaine, où l’on voit une jeune femme allaiter un vieillard emprisonné. Pourquoi ce tableau bouleverse-t-il Mozes ? Et pourquoi l’actrice semble-t-elle s’obstiner, elle, à ne pas même le remarquer ? Qui écrit le scénario de nos existences ? Et si la vie n’est qu’un songe, peut-on in extremis en corriger les erreurs, les faux raccords, tel un film sur une table de montage ? Dans ce roman pétillant d’intelligence et d’une majestueuse mélancolie, l’un des plus grands écrivains israéliens scrute l’âme d’un homme qui se demande « comment ne pas renoncer au désir pendant le peu de temps qui nous reste ».