Un jeune Huron d’ascendance bretonne débarque à Saint-Malo en 1689. Il découvre un coin de province française, retrouve une famille, reçoit le baptême, s’illustre par un fait d’armes contre les Anglais et, pour finir, tombe amoureux de la belle et dévote Mlle de Saint-Yves. Pour obtenir sa main, il doit revenir de la Cour avec un brevet d’officier. Il gagne donc Versailles. Mais ses éclats naïfs le conduisent à la Bastille. Car les mésaventures de l’Ingénu – étymologiquement « l’homme libre » – n’illustrent pas seulement les déboires de la loi naturelle au royaume des superstitions, elles font de ce nouveau Candide le symbole des innocents persécutés. Le conte satirique, où Voltaire pourfend avec allégresse ses ennemis de prédilection – l’Infâme et la canaille, la tartuferie et l’arbitraire –, ménage à ses lecteurs un retournement inattendu et, malicieusement, s’achève sur un mode presque parodique, en roman sentimental. « C’est un phénomène unique, s’exclama Grimm, qu’un septuagénaire écrivant avec cette grâce, ce feu, ce charme et cette prodigieuse facilité ! »
On trouvera dans ce volume des textes de circonstance qui éclairent la genèse et le sens de l’œuvre : La Bastille, poème (1717), l’Epître à Uranie (1722), les Entretiens d’un sauvage et d’un bachelier (1761), la Relation de la mort du chevalier de La Barre (1766) et des extraits de la Correspondance (1762-1767).
Edition d’Edouard Guitton.