Après le désastre de Waterloo, l’ennui s’installe avec la paix : « Alors s’assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse. » Mais l’enfant du siècle ne s’attarde pas longtemps à son époque et, de manière assez désinvolte, raccorde à la grande sa petite histoire : celle d’un homme qui se console de la trahison de sa maîtresse par une vie de fête et de débauche à laquelle l’arrache brutalement la mort de son père. Après quoi l’amour, traversé par la tentation du suicide et du meurtre, ne le conduira qu’à la solitude.
LaConfession que Musset fait paraître en 1836 est ainsi un roman qu’il faut lire bien au-delà de la liaison avec George Sand qui vient de dramatiquement se dénouer à Venise. A vingt-cinq ans, Musset n’offre pas ici une simple esquisse prometteuse, comme le croyait Sainte-Beuve, mais un testament littéraire qu’il ne dépassera pas, un livre où il devient le héraut d’une génération dont la leçon amère est que, face à l’absurdité de vivre, l’irrésolution est la seule attitude lucide.
Edition de Frank Lestringant.