La pièce, un drame, du Norvégien Nordahl Grieg (1902-1943), au demeurant l'un des écrivains les plus prolifiques et les plus attachants de l'entre-deux-guerres en son pays, également romancier, poète et journaliste, intitulée Nederlaget (La Défaite, 1937) a pour première originalité de se dérouler tout entière durant la Commune de Paris (mars à mai 1871) et de mettre en scène le petit peuple constituant ladite Commune aux prises avec les « versaillais » de M. Thiers qui finiront par remporter une victoire sanglante. Avec une admirable connaissance des faits, des lieux et des personnages tous tirés du petit peuple, l'auteur dresse le procès de notre société dévoyée par la violence et leurrée par des idéaux révolutionnaires aussi utopiques que dangereux pour exalter de grands mots d'ordre de pacifisme, de renonciation à la haine et à la vengeance et d'humanisme véritable qui donnent la mesure de la passion profonde de ce Norvégien et de sa vaine volonté d'en finir avec des temps injustes, cruels et meurtriers. Bien entendu, cette volonté est dérisoire et l'implacable loi de violence et d'injustice de notre temps finira par l'emporter. Mais l'on ne peut s'empêcher d'apprécier cette récusation sincère des haines et des intérêts qui mènent notre société. Ajoutons que la pièce est remarquablement construite, les personnages, d'une surprenante vérité humaine et le mouvement d'ensemble, d'une force de conviction digne des plus grands dramaturges norvégiens.