Avec ses quelque dix pièces, Friedrich Schiller fait fructifier un héritage légué par l'Antiquité, Shakespeare et les développements de Lessing sur la théorie dramatique. Moins connue que sa production scénique, son œuvre réflexive n'en est pas moins essentielle pour comprendre les enjeux esthétiques qui la sous-tendent durant un quart de siècle.
Ces Écrits sur le théâtre, à travers la grande variété de formes qui les caractérise (préfaces, avis au public, comptes rendus critiques, traités d’esthétique), dessinent le portrait d’un auteur qui, de la scène de Mannheim à celle de Weimar, a toujours fait preuve d’une connaissance intime de la pratique théâtrale dans toutes ses composantes, une connaissance dont s’est abondamment nourrie sa réflexion sur les modalités, les potentialités et les visées de l’art dramatique.
Cette riche expérience théorique et pratique de la scène, l’homme des Lumières lucide, vigilant mais convaincu qu’est Schiller la met au service d’un art dont il fait le support, vivant et dynamique, d’une éducation esthétique de l’homme, elle-même garante d’un équilibre anthropologique et social. C’est au théâtre que Schiller confie le soin de réconcilier l’homme avec le monde et avec lui-même.