Tout au long du processus de civilisation, l’homme n’a cessé de vouloir gommer la part d’ombre ; d’effacer ce chemin qui l’a conduit de l’état animal à l’état humain. Pourtant, et bien qu’il en ait souvent peur, il conserve cette nostalgie de l’ombre. Il aspire à se raconter des histoires noires… et à affronter le Sauvage. Se mesurer à la bête offre la possibilité d’une page à écrire, d’une relation à inventer. Grâce à elle, il ne renonce pas tout à fait à ses racines. Il hésite : toujours se civiliser davantage ou ne pas oublier son noyau d’obscurité ?
Du fond des cavernes, le troisième animal observe encore l’homme moderne comme il observait jadis le chasseur primitif. Drapé dans ses incertitudes, il nous invite à ne jamais cesser de rêver. Et vient nous rappeler que nous restons, malgré nous, des guetteurs d’ombres. Il est ce gardien du rêve dont les yeux continuent de briller dans l’obscurité, dont les oreilles restent perpétuellement à l’écoute, attentif au moindre de nos mouvements. Il est ce voleur de feu qui montre le chemin de la liberté