Carmen de Bizet, España de Chabrier, Iberia de Debussy, le Boléro de Ravel : l’Espagne inspire la France, qui entretient avec elle une relation ancestrale oscillant entre attraction et rejet.
Pendant un siècle (1820-1914), l’Espagne divertit le public français avec l’« espagnolade » (un exotisme à bon marché) ; elle représente aussi, au fil des échanges, une source d’inspiration et de renouvellement en profondeur du langage musical. Au tournant du XXe siècle, les compositeurs français confrontés au modèle wagnérien y trouvent l’échappée belle propice à l’expression d’une musique moderne française, qui contribue en retour à la création d’une musique moderne espagnole. Sous le ciel parisien, des émigrés, Albéniz ou Falla, œuvrent pour sortir la musique espagnole de ses clichés, tandis qu’un Viñes met son piano au service de Ravel, Debussy ou Satie.
C’est ce double mouvement d’appropriation, qui permet de sortir du pittoresque sans renier les racines musicales et culturelles, que retrace ici Marie Christine Vila à partir d’une documentation inédite.