Les écrits politiques de Diderot n'ont d'équivalent que l'Esprit des lois de Montesquieu ou le Contrat social de Rousseau. Plus variés que le premier, moins doctrinaires que le second, ils abordent, avec pertinence et alacrité, une multitude de sujets dont l'actualisé ne s'est pas démentie depuis. Parmi eux les problèmes posés par la propriété intellectuelle et artistique et les droits d'auteurs (Lettre sur le commerce de la librairie), le conflit entre la nécessité du pouvoir et sa tendance à se transformer en tyrannie (L'Anti-Frédéric), la difficulté d'imaginer un enseignement universitaire ouvert sur la vie (Plan d'une université), le procès du colonialisme (Contributions à l'histoire des deux Indes). A ces textes ont été joints - et c'est là une des nouveautés de cette édition - les articles "Arithmétique politique", "Autorité politique", "Citoyen", "Créoles", "Croisades", "Droit naturel", "Législation" et d'autres, que Diderot a donnés à l'Encyclopédie et qui montrent qu'il oscille toujours entre deux pôles : l'égoïsme ou l'égotisme légitime de l'individu et la nécessité d'une organisation sociale, inévitablement guettée par le despotisme.
Robert Kopp.