Si Raymond Aron a pu dire de lui : « Son idéal est le libéralisme authentique », Franz Oppenheimer (1864-1943) est surtout l'un des tous premiers théoriciens du socialisme libéral. Il est l’auteur de deux ouvrages fondamentaux – L’État, ici dans son intégralité, et L’Économie pureet l’économie politique, dont on trouvera de larges extraits – dans lesquels il développe sa célèbre opposition entre les « moyens économiques », fondés sur le libres rapports d’égalité, et les « moyens politiques», fondés sur le vol et l’exploitation des faibles par les détenteurs du pouvoir.
À la critique radicale de l’État, support de la violence politique, il associe la critique de l’ordre capitaliste, corrompu par une répartition de la propriété historiquement issue de la violence politique.
Renvoyant dos à dos marxistes et libéraux conservateurs, il propose une troisième voie, qui concilierait Adam Smith et Proudhon : l’émancipation des travailleurs par la coopération et le libre échange des « moyens économiques ».
Vincent Valentin est maître de conférences à l’école de droit de la Sorbonne (Paris 1), auteur des Conceptions néo-libérales du droit (Economica, 2002). Aux Belles Lettres on lui doit l’édition des textes de Pierre-Joseph Proudhon, Liberté partout et toujours (2009) ainsi que, avec Alain Laurent, Les Penseurs Libéraux (2012).