Le pasteur et poète latin Friedrich Dedekind (1525-1598) composa le Grobianus, un manuel de mauvaises manières pour anticonformistes, à l’origine du grobianisme dont Karl Marx dira:
« Plat. Boursouflé. Fanfaronnant. Thrasonique. Prétentieusement vulgaire dans l’attaque. Hystériquement sensible à la grossièreté des autres. Brandissant très-haut son épée en un monstrueux gaspillage d’énergie pour la laisser retomber dans le vide. Prêchant sans cesse la moralité et sans cesse l’offensant. Entrelaçant dans une même maille absurde le déclamatoire et le banal. Tout à son affaire, mais sans rien en faire. (…) Contaminé sans même s’en rendre compte par les disputes les plus abstruses du seizième siècle et par son engouement fiévreux pour le corps. Fasciné par des notions dogmatiques et étriquées, en même temps qu’il en appelle à une action mesquine contre toute forme de pensée. Fulminant contre la réaction, réagissant contre le progrès. Incapable de faire rire de l’adversaire, risible quand il le morigène sur tous les tons. Salomon et Marcolphe, Don Quichotte et Sancho Pança, exalté et philistin pour le même prix. Forme rustre de la révolte, forme d’une rustrerie révoltée. Et flottant par-dessus le tout, la bonne conscience sincère du brave bourgeois content de lui-même, en guise d’ambiance: c’était cela, le grobianisme. » (Deutsche-Brüsseler-Zeitung, 28 octobre 1847)
Grobianus est traduit et présenté par Tristan Vigliano, ancien élève de l’École Normale Supérieure, agrégé de Lettres classiques et moniteur à l’Université Paul-Valéry (Montpellier III), qui travaille actuellement sur le concept de juste milieu dans les littératures française et néo-latine de la Renaissance.