I, 10
Le Parnasse ne dit le vrai qu'à mots couverts,
au profane ignorant il tait les hauts
mystères : sous une fausse écorce il cache
et dissimule (comme en rustre Silène) de
célestes arcanes. C’est pourquoi hors du
voile que ma toile a tissé en vers pleins
de langueur et en fables futiles, il faudra
recueillir ce véritable sens : "Plaisir immodéré
finit dans la douleur".
I, 10
Ombreggia il ver Parnaso, e non riuela
Gli alti misteri ai semplici profani,
Ma con scorza mentita asconde e cela
(Quasi in rozo Silen) celesti arcani.
Però dal vel, che tesse hor la mia tela
In molli versi, e fauolosi, e vani,
Questo senso verace altri raccoglia :
“Smoderato piacer termina in doglia”.
Marie-France Tristan, maître de conférences à l’Université de Paris-Sorbonne (Paris IV), est spécialiste de la littérature italienne des XVIe et XVIIe siècles. Elle propose du Cavalier Marin une interprétation entièrement nouvelle à partir d’une lecture croisée de l’Adone mythologique (1623) et des Dicerie sacre (1614) d’inspiration chrétienne, mais aussi en partie gnostique et hermétique. L’Adone (L’Adonis) est lu comme un texte à énigme, comme un « silène » poétique qui ne livre ses trésors sémantiques qu’en arrière-plan, au point de convergence des innombrables lignes de fuite et perspectives.
Marzio Pieri , dont les éditions et commentaires du Cavalier Marin font autorité, a été un éminent professeur de littérature italienne à l’Université de Parme, ainsi qu’un musicologue. On lui doit la fondation de l’ « Archivio Barocco » qui, dans un esprit pluridisciplinaire, publie notamment une collection de textes des XVIe et XVIIe siècles.