Faire une carrière de mezzo-soprano qui vous porte à la présidence du jury de présélection de l’Eurovision, voilà qui n’est déjà pas à la portée de tout le monde. Mais connaître un tel succès quand on est né dans un bidonville à Nanterre, voilà qui est proprement stupéfiant, tant on imagine nombreux et dissuasifs les obstacles à surmonter.
C’est peu dire, en effet, que rien ne prédestinait Malika Bellaribi à suivre ce parcours exceptionnel. Née dans ce « quart-monde » à la périphérie de Paris dénoncé par l’abbé Pierre, grandie tant bien que mal dans une famille nombreuse aux parents indifférents, Malika est victime d’un très grave accident qui la force à passer des années à l’hôpital et en rééducation dès sa plus tendre enfance.
Mais à quelque chose ce malheur est bon. Loin de son univers familial, soignée par des religieuses bienveillantes, Malika se trouve, et découvre la musique : celle des chants religieux qui emplissent, chaque dimanche, la chapelle de l’hôpital. La musique : c’est, la petite fille le sent, la voie du salut et du bonheur.
Il lui faudra endurer encore bien des humiliations et des vicissitudes, y compris une tentative de mariage forcé en Algérie, avant d’oser défier les règles de sa communauté. Elle décidera de choisir librement sa vie, son amour, et sa religion.
Mais la réussite de Malika ne se borne pas à cette prouesse déjà exemplaire. À peine son nom commence-t-il à être connu qu’elle songe à faire profiter les autres de ce qu’elle a appris et à partager la joie que lui procure le chant lyrique. Elle crée en banlieue des ateliers de chant qui s’appuient sur une pédagogie utilisant la mémoire corporelle, les cinq sens, la créativité des jeunes, les relations affectives, les règles de groupe, les tabous… Malika n’a pas oublié d’où elle venait !