" Il n'y a pas de pire exclusion que celle à laquelle on se condamne soi-même...
Si la lutte contre l'exclusion est essentielle en cette fin de siècle, il en est une qui m'apparaît prioritaire : la lutte contre l'autoexclusion. S'exclure, c'est se rejeter. C'est se condamner au pire des ostracismes : devenir étranger à soi-même. La pratique est commune autant qu'insidieuse. Les ravages sont multiples, individuels et collectifs. Le refus de soi constitue une des violences les plus destructives qui s'intériorise ou éclate aveuglément contre autrui. [...] Premières victimes : ceux dont, aujourd'hui, la société a peur : ses enfants. Ceux contre lesquels s'instituent même des couvre-feux, ceux pour lesquels se construisent des prisons. L'alerte maximale est atteinte lorsqu'il ne reste plus qu'à constater, à la lecture des faits divers, l'émergence de suicides d'enfants ou de crimes d'adolescents qui s'attaquent désormais à leur propre identité, s'entre-tuent. [...] Le but de ce livre est de repérer les "dangers de silence", d'en saisir ses manifestations quotidiennes, individuelles ou sociales, violentes ou insidieuses. Le silence tue. Il est urgent de reconnaître ses mécanismes destructeurs, de l'entendre pour lui donner son sens. Chacun détient ce pouvoir. C'est l'enjeu de ce livre. Comment sortir de son silence ? Chaque histoire répond. La mienne, celle des autres au-delà de l'inimaginable diversité convergent. L'épreuve est la même. Surmonter ce qui ne peut pas se dire à soi-même, cela ne se fait pas sans être aidé, accompagné. Partir de soi pour arriver aux autres, c'est le parcours auquel invite chacune de ces pages, écrites grâce à ceux qui, au sens fort, m'ont donné la parole. "Catherine Enjolet Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, Jacques Salomé, psychosociologue, Jean-Denis Bredin, Daniel Prévost et d'autres intervenants, ont voulu prendre la parole dans ce livre pour parler de leur propre expérience du non-dit, et de la nouvelle naissance qu'est son dépassement.