On ne peut pas écouter l’autre, en tant que psychanalyste, sans se demander d’où vient à l’homme l’aptitude à dire « je », à parler sa vie, sa mort, en première personne. Car l’efficacité de la cure analytique repose sur l’accès du patient à « je » sujet, ce à quoi aucun animal n’est parvenu. Or la science, après Darwin et avec Freud, croit l’homme « issu de la série animale ». Où donc le sujet trouvera-t-il sa généalogie ? Pas dans la nature. Où donc, dans la culture, puisque la religion de l’habitude croit lire au début de la Bible la création de l’homme comme objet vivant par un Dieu tout-puissant ? Ce livre est un nouveau voyage dans nos récits d’origine, en quête de l’apparition du sujet : le premier « je » de Dieu – du diable – et de l’humain ; comment cet humain est bien créé, mais non l’homme et la femme qui n’apparaissent que par leur rencontre ; l’importance de la loi symbolique pour « je » et « tu » dans leur éveil… Marie Balmary revisite ainsi les grandes figures bibliques et évangéliques, leur posant à chacune la question du sujet et de l’autre. Jusqu’à ce qu’apparaisse une nouvelle cohérence de ces textes avec l’expérience clinique. Au lieu heureux où l’homme ne se vit désormais plus comme chose, bête ou esclave, mais comme sujet fils, engendré d’esprit. Au-delà de la création et de la mort.