La redécouverte et l'étude, au seuil de l'âge moderne, des monuments antiques avec leurs épigraphes en belles capitales romaines, n'ont pas seulement satisfait le plaisir de la chasse et de la collection et nourri en profondeur la connaissance de tous les secteurs du monde ancien, mais elles ont déclenché une véritable vogue en même temps qu'un spectaculaire renouvellement de la forme inscriptionnelle, tant chez les particuliers qu'entre les mains des États souverains, à Rome d'abord, puis dans les cours princières d'Europe, tant sur les monuments que sur les supports plus légers des fêtes éphémères (entrées royales et funérailles princières), avant d'envahir le livre lui-même, dépositaire d'un nouveau genre littéraire, l'elogium, intermédiaire entre prose et poésie: non répétition mais interprétation originale du modèle antique, accompagnée et surveillée par les recherches sur la forme et la mise en page de la lettre et productrice de deux grands débats: le premier, sur le style de l'inscription, qui oppose de part et d'autre des Alpes une esthétique de la magnificence à une esthétique de la gravité, le second, le plus riche de conséquences, symbolisé par la substitution du français au latin sous les tableaux historiques de Charles Le Brun dans la Grande Galerie de Versailles. Ce dernier épisode, en fermant une époque et en ouvrant une nouvelle ère de l'inscription, justifie l'arc chronologique défini par les auteurs, en même temps qu'il illustre de façon éclatante les interfaces multiples d'un objet situé au croisement de disciplines multiples, histoire, politique, rhétorique, histoire de l'écriture, histoire de l'art.