Poète, mais aussi essayiste, herméneute, diariste et traducteur, lauréat de prix prestigieux, Claude Vigée a publié une soixantaine d'ouvrages –; du recueil inaugural intitulé " La Lutte avec l'Ange " (1950) à ce tout récent " judan " qu'est " La Double Voix " (2010). En 2008, son œuvre a été couronnée par la " Bourse Goncourt de la poésie ", et ses poèmes réédités en un important volume, " Mon heure sur la terre. Poésies complètes 1936-2008 ". Le temps semblait donc venu de rendre hommage au poète par un recueil d'études qui s'attache à cerner le souffle qui anime cette poésie riche de sept décennies d'écriture. Des travaux rassemblés dans cet ouvrage, on retiendra la figure du " poète qui éclaire la nuit ", qu'il s'agisse de ces " leçons de lumière " que sont les " épiphanies musicales ", la " chair ", la " mémoire " et le " silence ", ou de ces " clairs-obscurs " que tissent de grandes figures bibliques tels Abraham, Ruth, Jonas ou Jacob. Mais ce sont aussi, dans un esprit comparatiste, les liens que l'œuvre de Claude Vigée entretient avec de grands écrivains étrangers, qui sont étudiés ici. Le poète ne cesse d'être en dialogue avec d'autres voix –; comme celles de Hölderlin, Celan, Hopkins ou T. S. Eliot, ou encore celle d'Hegel, " ennemi intime " –; et avec d'autres langues comme l'alsacien et l'hébreu. Le volume se clôt ainsi sur l'étude de ces deux phares que sont l'Alsace et la terre de Judée, source de " lumières hébraïques ", pour situer le destin de Vigée parmi celui des " Français juifs " de son temps, et mettre au jour l'art du 'hidoush qui est le sien.