Nul mieux que Dominique Fernandez ne pouvait cerner toute la complexité d'une personnalité comme Henri Beyle. Un homme qui avait prévu pour sa tombe l'épitaphe suivante :
Henri Beyle, milanais. Il vécut, écrivit, aima. Cette âme adorait Cimarosa, Mozart et Shakespeare.
Son Dictionnaire est une longue déclaration d'amour.
Pourquoi Stendhal a-t-il abandonné
Lucien Leuwen
alors qu'il restait si peu à faire pour l'amener à sa forme définitive ? Pourquoi, chez cet auteur, le travail de la mémoire prend-il le pas sur l'imagination ? Pourquoi écrit-il
La Chartreuse de Parme
en cinquante-deux jours alors qu'il laisse inachevé
Lamiel
après deux ans et demi d'ébauche ? Pourquoi
Le Rouge et le Noir
n'eut-il aucun succès ? Pourquoi l'art de séduire lui fut-il étranger ? Pourquoi, dans ses romans, s'interdit-il d'expliquer, de juger, de commenter alors que dans la vie courante il ne cachait pas son mépris pour la sottise ambiante ? Comment, en exil consulaire à Civitavecchia, conçut-il ses fameuses
Chroniques italiennes
? Pourquoi Stendhal, en rejetant sa ville natale, Grenoble, rejetait-il bel et bien l'état d'esprit de tout un peuple, les Français ?
Autant d'interrogations, autant d'analyses auxquelles Dominique Fernandez, en fervent stendhalien, en observateur subtil, répond avec clairvoyance et délicatesse.