Depuis les réformes protestantes dans leur double dimension d'échec - puisque aucune d'entre elles n'arrive à réformer l'ensemble de l'Eglise - et de succès - puisque le catholicisme est incapable de venir à bout de leur défi -, la pluralité constitutive de l'Europe a acquis, nous le savons, une nouvelle réalité. Pendant longtemps, le rêve de l'unité perdue reste le plus fort, d'où le siècle de durcissements identitaires et de normalisations idéologiques, de reconquêtes et de défenses, de débats théologico-politiques et de conflits armés qui culmine avec la guerre de Trente Ans et dans lequel l'Europe, en quelque sorte, lutte contre elle-même au nom de l'impossible unité.
Étienne François, spécialiste de l'Allemagne, enseigne à l'Université technique de Berlin et à Paris I-Sorbonne. Il travaille sur l'histoire allemande, franco-allemande et européenne depuis la fin du Moyen Âge, et a été directeur de la fondation du « Centre Marc Bloch » (centre de recherche franco-allemand pour des sciences sociales) de 1992 à 1999.