Alfred Nobel (1833-1896), inventeur de la dynamite et du plastic, fondateur du plus prestigieux Prix international qui soit, homme respectable s'il en fut jamais en son pays, parfaite incarnation de la grande bourgeoisie bien pensante, a tout pour incarner un idéal situé et daté. Or, ce que l'on ne sait pas, c'est qu'au soir de sa vie, Alfred Nobel éprouva le besoin de rédiger une tragédie sombre dans le goût romantique « noir », Némésis, où toutes ces valeurs sont mises en miettes.
Dans la Rome corrompue du XVe siècle se croisent dépravés, intrigants et criminels, que la Papauté laisse subsister dans son ombre. Et, Nobel de mettre en scène avec une désinvolture totale l'inceste, le viol, l'empoisonnement, les tares héréditaires, et surtout un anticléricalisme tapageur qui se traduit aussi bien par une détestation des prêtres que par un parti-pris de dérision envers les « vérités » chrétiennes. La pièce était tellement scandaleuse que l'entourage de l'auteur fit l'impossible pour la détruire. La voici pour la première fois livrée au lecteur, dans une remarquable traduction de Régis Boyer.
Régis Boyer est professeur de langues, littératures et civilisation scandinaves et directeur de l'Institut d'Études scandinaves à l'Université de Paris-Sorbonne. Régis Boyer a traduit et présenté les Sagas islandaises ainsi que les &OEliguvres de H. C. Andersen. Il dirige aux Belles Lettres la collection « Classiques du Nord » et a récemment publié L'Islande médiévale et Les Sagas légendaires.