Dans un poème de jeunesse, Klee avait écrit : «Un jour je reposerai nulle part, auprès d’un ange quelconque». En regard du texte méconnu de Paul Valéry – un de ses derniers écrit en 1944, les anges dessinés entre 1939 et 1940 sont-ils seulement de petits espiègles, ou s’agit-il d’une série d’autoportraits tantôt près des morts et tantôt près de ceux qui ne sont pas encore nés ? Par leurs yeux ronds, est-ce le regard du peintre que nous pouvons deviner, ce regard depuis l’enfance si profond, si interrogateur, si troublant par sa force, comme si Klee avait le pouvoir, par-delà la mort, de faire lever en nous des questions essentielles ?