Le regard du mort passe et ne s’attarde pas. Il n’effleure pas, il ne caresse pas, il devient un élément de la nature, une perle noire dans la jungle, un ami des feuilles de bananier et des colibris étincelants dans le bourdonnement de leurs ailes agitées. Le regard jouit. Il fait naître, il humidifie. Une rencontre sans témoins au cœur de la solitude. Trompes marines, cromornes, serpents sonores et noirs.
Antoni Casas Ros a excité la sphère journalistique pendant plusieurs années après son premier roman auréolé de succès : Le théorème Almodovar. Cet écrivain que pas même son éditeur n’avait rencontré était-il bien le jeune homme accidenté et défiguré se cachant du monde qu’il disait être ou une figure énigmatique inventée pour un autre ? Mais ce qui a trop souvent échappé aux journalistes sont l’inventivité de son écriture et l’intrépidité de son imagination qui viennent ranger cet écrivain aux côtés de Julio Cortázar ou James Joyce.