Pierre Bergounioux interroge l’épaisseur, ne croit pas au nivellement des âmes, empoigne ici l’outil du géologue pour mettre à jour les strates qui font l’être de son pays, et de ses habitants. Sans cesse mêlés, le temps long de la terre, de sa croûte et celui très bref des hommes, se chevauchent, se répondent dans ce récit jusqu’à la parfaite cohérence. Le fleuve des âges est celui dont nous sommes le limon, celui qui fertilise notre imaginaire, mais celui, aussi, contre lequel nous dressons les barrages prométhéens de notre «âge de fer» dont Bergounioux sait dire, aussi, la terrible beauté.