Si Fargue a entièrement réécrit ces trois entretiens accordés à Frédéric Lefêvre en 1929, c’est qu’ils éclairent par leur densité, la vivacité de leur ton et l’impeccable tenue de leur verbe, une œuvre encore secrète et fournissent d’une période foisonnante, inépuisable, un tableau d’une lucidité et d’une fantaisie rares. Nous aurions sans doute l’usage, aujourd’hui encore, d’aussi noble sentence : «Les gros écrivains s’appuient sur la vie pour attaquer la haute littérature et les poètes. Mais ils ne font que reproduire bêtement la vie sans y prélever leur création. Nous vivons dans la vie sociale de l’art, sous le vocable du concierge.» Quant à l’homme, où se cache-t-il dans cet entrelacs d’anecdotes plus ou moins vérifiées et vérifiables ? Peu importe, nous en sommes quitte, une fois de plus, pour le plaisir.