Qualifié de " bible maya-quiché ", le Popol Vuh raconte avant tout, sous forme d'allégorie, la genèse d'un peuple - le peuple maya d'Amérique - à travers les créations successives des Esprits, et ses tribulations à travers les époques et les vicissitudes de l'histoire. Cette version d'un des plus importants textes précolombiens qui nous soient parvenus, transcrit en quiché peu après la conquête espagnole, aux environs de l'an 1550, et souvent considéré comme le document le plus ancien sur l'histoire de l'humanité, est une traduction amendée et en bonne partie actualisée du manuscrit de Chichicastenango, paru en coédition (Popol Vuh : Le Livre des événements, traduit de l'espagnol par Pierre DesRuisseaux en collaboration avec Daisy Amaya, Le Castor Astral et VLB éditeur, Paris et Montréal, 1987).
Rédigé dans une langue à la fois élégante et fleurie d'images poétiques, on y relate les mythes cosmogoniques du peuple maya-quiché. Il s'agit donc d'un des textes les plus précieux et significatifs du continent américain, puisqu'il nous fait pénétrer directement et de plain-pied au cour même de l'univers mythique du peuple maya. Genèse en même temps qu'eschatologie, récit sacré et historiographie mystique d'une des cultures précolombiennes les plus raffinées, évoluées et lettrées qui se soient développées sur le continent américain, le Popol Vuh est comparable, en terme d'importance, aux grands textes sacrés tels les Edda islandaises, les Veda indiens, la Bible chrétienne ou encore le Coran musulman. Dans le Popol Vuh, le mythe se confond avec l'histoire de la même façon que l'histoire se fond à la culture. Et l'histoire se déroule au sein de l'espace-temps sans discontinuité, sans rupture, marquant les étapes successives du développement humain.
Auteur d'ouvrages sur les expressions populaires, poète et traducteur, notamment de Hymnes à la Grande Terre, rythmes, chants et poèmes des Indiens d'Amérique du Nord-Est (Le Castor Astral, 1997), Pierre DesRuisseaux partage son temps entre le Québec et le Mexique. Il a reçu le Prix de traduction du Conseil des Arts du Canada en 1986, et le Prix du Gouverneur général du Canada, section poésie, en 1989.